Cette étude sur les chiens, la plus large jamais conduite, vient de mettre au jour un fait inquiétant : 72,5 % des chiens souffriraient d'anxiété.
Cette étude menée par l’université d’Helsinki et dirigée par Hannes Lohi a interrogé des propriétaires de chiens finlandais via un questionnaire en ligne, sur les réseaux sociaux : 13 715 réponses ont alors permis de dresser ce bilan sombre englobant 264 races de chiens et des chiens mélangés ("mixtes") âgés de 10 semaines à 17 ans et 10 mois..
Lors de recherches scientifiques, les enquêtes déclarées par les propriétaires de chiens sont souvent considérées avec un œil critique. En effet, les maîtres ne sont pas toujours objectifs en ce qui concerne le comportement de leur chien. Cependant, Mila Salonen auteure de cette étude a déclaré que les propriétaires de chiens sont en fait assez bons pour évaluer leurs animaux.
Les traits anxieux chez le chien
Les chercheurs ont sélectionné sept traits comportementaux généraux supposés révéler un état anxieux. Il est également ressorti de cette étude la peur des surfaces et hauteurs, la peur de la séparation (aboiements en l'absence des propriétaires, destructions d'objets ou le fait d'uriner dans la maison), l'impulsivité ou inattention, la compulsion (mâchouiller des objets, poursuivre sa queue), l'agressivité (envers les membres de la famille ou les étrangers) et l'état de peur générale (face à l'inconnu, aux étrangers, aux autres chiens, etc.).
L'étude statistique des réponses au questionnaire a jeté de nombreux résultats en voici quelques uns :
- Le trait le plus largement répandu est la peur du chien au bruit spécifique (par exemple feux d’artifice, tonnerre) concerne 32% des chiens toutes races et âges confondus (les plus âgés étant les plus sensibles).
- Prés de 30% des chiens avaient une peur générale que ce soit une peur des autres chiens (17%), des étrangers (15%) ou la peur des nouvelles situations se présentant au chien (11%).
Mais si la sensibilité du chien au bruit et la peur générale prévaut, les traits les plus handicapants (car ils peuvent conduire à une mort précoce ou alors à l'abandon ou l'euthanasie) sont l'agressivité (14%) et l'angoisse de la séparation (5%).
Anxiété du chien liée à l’environnement mais aussi à la race
D'après cette étude, celle-ci notifie qu’un élément mérite d’être souligné : si 72,5% des chiens afficheraient une anxiété pathologique, ils ne sont pas touchés dans les mêmes proportions suivant leur race.
Elle cite pour exemple que 10,6% des schnauzers nains sont agressifs envers les étrangers, alors que le labrador le serait à hauteur de 0,4% ou encore 9,5% des bulls terriers afficheraient une poursuite de la queue alors que le Lagotto Romagnolo ne le fait pas.
Les chercheurs ont identifié des traits pathologiques communs à chaque race. Par exemple : les Schnauzers de petites tailles affichent des niveaux d’agressivité et de peur envers les étrangers et les autres chiens, les Lagotto ont des niveaux élevés de sensibilité aux bruits, de peur sociale et d’agressivité, les Staffordshires Bull terriers ont des niveaux élevés de comportement compulsif, d’hyperactivité et d’inattention, ect…..
Source : Étude parue sur Science et avenir Mars 2020 et Scientific Reports
Prenons tout de même quelques réserves car certains de ces pourcentages sont faibles. Pour ma part, la question de race n’est pas en cause mais plutôt un manque de confiance à la hiérarchie qui oblige le chien à gérer une situation alors que c’est au maître de la gérer. Oui, certaines races sont plus rustiques que d’autres. Oui certaines races ont des caractères plus trempés que d’autres. Si vous voulez un chien comme compagnon et que vous ne ferez pas d’exercices intensivement ou pendant de longues périodes, il n’est pas conseillé de prendre un chien de travail, c’est à dire avec un niveau d’énergie élevée.
Il est préférable de choisir une race de chien qui convient à son style de vie.
Il est important de socialiser, d’éduquer son chien car les points d’anxiété cités dans cette étude méritent une attention, comme par exemple :
- La peur du chien sur les hauteurs, à monter les escaliers, marcher sur les grilles : ce sont des situations qui relèvent à mon sens de l’appréhension parce que le chien ne les connaît pas. Mais lorsque ces situations sont amenées correctement, positivement et comme il se doit au chien, sa peur peut disparaître.
- Concernant aussi la peur et plus précisément à propos des feux d’artifice ou du tonnerre, l’orage représente un danger pour le chien. Ses réactions sont donc proportionnelles à son instinct de survie. C'est un danger qu'il doit fuir. Lorsque le chien est confronté aux bruits de pétards ou feux d'artifice, celui-ci n'a pas la capacité cognitive pour comprendre d'où vient le bruit et pour en déterminer l'origine. Aussi, la soudaineté et la puissance des détonations étant incompréhensibles pour lui, cela engendre une sensation de danger qui peut alors le terroriser. Par ailleurs, comme c'est le cas lors des orages, les chiens perçoivent également des sons imperceptibles à l'oreille humaine qu'on appelle des infrasons et qui les perturbent.
- Concernant l'impulsivité, l’inattention : sur du jeune chien, voir chiot, il faut noter que le temps d’attention est proportionnel à son âge. Souvent l’inattention du chien vis à vis de son maître lors des promenades par exemple peut tout à fait s’éduquer et/ou se ré-éduquer de manière positive.
- L'agressivité du chien (vis à vis des étrangers ou des autre chiens), on peut se poser la question d’une socialisation du chien. Pour exemple, une de mes clientes a fait appel à mes services car sa chienne (Cane Corso) avait une telle peur des autres chiens qu’elle en était agressive. Après avoir travaillé la socialisation lors de mes cours collectifs, aujourd'hui elle n’a plus ce comportement et tout se passe bien. Par ailleurs, cette chienne a su démontrer qu'elle n'était pas du tout agressive contrairement à ce qu'on avait pu dire à sa maîtresse mais que sa peur pouvait engendrer un comportement non adéquate vis à vis de ses congénères.
Tous ces troubles du comportement du chien gênant et pouvant entraîner de graves problèmes pour lui et pour son maître sont tout à fait éducables et ré-éducables et de manière positive. Et comme je le dis très souvent : Les comportements des chiens qui agacent le plus les maîtres ne sont souvent que des problèmes d'incompréhension. Chacun doit reprendre sa place, respecter l'espace de l'autre et savoir exprimer les limites.
Écrire commentaire
Mathias Favre (mardi, 28 avril 2020 22:06)
Une étude très intéressante.
Je me suis toujours dit qu'une bonne socialisation était crucial pour qu'un chien puisse être bien dans ses pattes, et votre article me conforte là-dessus. Je suis également d'accord sur le fait que la race ne doit pas vraiment être liée à une quelconque anxiété. C'est justement la réussite ou non de la socialisation qui aura un impact sur le bien-être du chien.